Un verre pour l'asservissement [Alec]

La nuit venait de tomber et donnait à la Banlieue de Genosha un air morbide. Pour peu que l’on soit particulièrement impressionnable, on s’attendrait presque à voir surgir de nul part des monstres dignes des plus grands chefs d’œuvre du septième art.
Si Loren avançait d’un pas décidé c’était avant tout parce qu’elle s’était accoutumée à arpenter ces rues sinistres plongées dans la pénombre par des nuits sans lune. Au début, lorsque les murs de Genosha venaient juste d’être érigés, cela avait été très dur de vivre dans la banlieue où il était monnaie courante de croiser toutes sortes de fous furieux. Loren a longtemps galérée pour assurer une quelconque protection à ses frère et sœur cadets. Avec le temps, la rebelle a appris à vivre dans cette ambiance macabre bien qu’il existe de moins en moins de défavorisés qui n’aient pas encore rejoint les lignes rebelles, rendant les rues bien plus sures qu’elles ne l’étaient auparavant.

A l’angle d’une ruelle demeurée en relatif bon état, Loren aperçu l’Aventurier, bar miteux qui offrait aux défavorisés un moindre réconfort avant de se faire enlever par des esclavagistes. Cette nuit là, Loren espérait sauver un maximum des siens de l’esclavage des plus riches. Ils étaient trop peu nombreux à ne pas encore avoir été asservis pour que l’on tolère le moindre enlèvement idiot. Devenir esclave pour être un peu trop porté sur la bouteille était de ce genre d’idioties. Ce n’était pas la première fois que la jeune femme se rendait dans cet établissement pour couper l’herbe sous le pied des marchands d’esclaves. Loren mettait un point d’honneur à grossir les rangs des rebelles et, la plupart du temps, après qu’elle ait sauvé un défavorisés de l’esclavage, il adhère sans attendre au mouvement des frères Trent.

A peine eut-elle pénétré dans le bar que les miasmes de l’alcool lui agressèrent les narines, la forçant à plaquer sa main sur son nez pour s’éviter l’étouffement. L’aventurier était le bar le moins attrayant que Loren avait eu l’occasion de fréquenter. Les boissons servies avaient toujours un air suspect et provoquaient en général de bons renvois ou une somnolence avancée.

Loren alla s’asseoir à une table où elle aurait une vue imprenable sur toute la salle, malgré les volutes de fumée qui y traînaient ça et là.
Son regard se posa presque instantanément sur un défavorisé qui commençait à piquer du nez puis fut attiré vers l’entrée, où un groupe d’hommes s’ amassait. Loren se leva rapidement pour rejoindre l’homme ivre et somnolant qu’elle s’évertua à faire quitter le bar par la porte de derrière. L’air frais sembla redonner quelques couleurs au défavorisé qui regarda la rebelle d’un air gêné.

« Ne vous as t’on jamais dit qu’il n’était pas prudent de s’endormir dans ce bar? En général on se réveille dans une cage. »

L’homme se massa les tempes avant de lui poser une question complètement rhétorique.

« Rebelle, pas vrai? … Mouais … C’est toujours mieux que les chaînes ... J’y réfléchirais. »

Il s’en alla sur ces brèves paroles sans s’inquiéter davantage de la présence de Loren, qui retourna finalement à l’intérieur du bar. Le défavorisé auquel elle venait d’éviter l’asservissement semblait déjà au courant des manœuvres des rebelles souhaitant agrandir leurs rangs. Cela avait au moins le mérite de faire gagner du temps à Loren, mais elle ne pouvait s’empêchait de rester sceptique.
La jeune femme retourna s’asseoir et un serveur peu avenant vint prendre sa commande. Elle ne commanda pas par envie mais plutôt pour donner une raison valable à sa présence.